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Comprendre et prévenir la iatrogénie chez les patients à domicile

Guide pour les infirmiers libéraux

iatrogénie et personnes âgées à domicile

Le terme "iatrogénie" désigne l'ensemble des effets indésirables, voire nocifs, causés par les soins médicaux, l’intervention médicale ( erreur de diagnostic, prévention ou prescription inadaptée…) ou de recours aux soins ou de l’utilisation d’un produit de santé. L'iatrogénie, surtout chez les patients suivis à domicile, représente un enjeu majeur de santé publique.

Qu’ils soient liés à une mauvaise utilisation des médicaments, à des erreurs de prescription ou encore à des interactions médicamenteuses, ces incidents peuvent avoir des conséquences graves, notamment pour les personnes âgées et /ou polymédiquées.
Notre objectif ici est de consolider la surveillance des infirmiers libéraux à ce problème. Nous vous fournirons également des conseils pratiques pour prévenir la iatrogénie et améliorer la sécurité des soins à domicile.

Qu’est-ce que la iatrogénie ?

La iatrogénie englobe tout effet indésirable provoqué par une intervention médicale. Cela peut inclure les complications chirurgicales, les infections nosocomiales (infections contractées au cours d’un séjour dans un établissement de santé), les erreurs de diagnostic, mais également les effets secondaires des médicaments.

Lorsque l’on parle de iatrogénie médicamenteuse chez les patients à domicile, les erreurs liées à l’usage des médicaments sont particulièrement fréquentes. Ces erreurs peuvent résulter de plusieurs facteurs : confusion entre les médicaments, non-respect des doses prescrites, interactions médicamenteuses mal gérées, ou encore prescription inadaptée.

La iatrogénie médicamenteuse représente probablement une proportion non négligeable des hospitalisations évitables chez les patients âgés.
Une étude réalisée en France (¹) par la HAS ( Haute Autorité de la Santé) a révélé que 55% des erreurs médicamenteuses concernent les plus de 60 ans (qui ont également potentiellement plus de traitements médicamenteux que le reste de la population).
Cette problématique est donc fondamentale pour les infirmiers libéraux qui jouent un rôle clé dans l’administration, la surveillance et le suivi des traitements à domicile. 

 

Les principaux facteurs de risque de la iatrogénie médicamenteuse

Plusieurs facteurs peuvent augmenter le risque de la iatrogénie chez les patients à domicile :

  • Polymédication : Les patients, notamment les personnes âgées, sont souvent sous plusieurs traitements simultanés. La polymédication accroît le risque d’interactions médicamenteuses et d’effets secondaires.

  • Non-observance du traitement : Certains patients, en particulier ceux souffrant de troubles cognitifs, psychologiques ou psychiatriques, peuvent avoir du mal à suivre correctement leur traitement ( risque de surdosage ou de mésusage).

  • Confusion entre les médicaments : Les noms des médicaments se ressemblent parfois ou leur présentation est similaire, ce qui peut entraîner des erreurs de prise.

  • Défaut de coordination entre professionnels de santé : Le manque de coordination entre les différents acteurs de la santé (médecins, pharmaciens, infirmiers) peut entraîner des prescriptions inadaptées ou des doublons.

Conseils pratiques pour prévenir la iatrogénie médicamenteuse

1. Évaluation régulière des traitements

Nécessité pour les infirmiers libéraux de procéder à une évaluation régulière des traitements médicamenteux de leurs patients. Cette évaluation permet de vérifier la pertinence des prescriptions en fonction de l’évolution de l’état de santé du patient.

2. Éducation thérapeutique du patient

L’éducation thérapeutique participe à garantir une bonne observance. Il est important d’expliquer clairement au patient, ainsi qu’à ses proches, l’importance de suivre les prescriptions à la lettre. Les infirmiers peuvent utiliser des supports visuels ou des aides-mémoire pour faciliter la compréhension du traitement et l’organisation des prises de médicaments.

3. Gestion des interactions médicamenteuses

Les interactions entre médicaments peuvent être particulièrement dangereuses. Pour les éviter, la vigilance est requise lors de l’administration des traitements. Il s’avère très utile de toujours actualiser ses connaissances sur les classes médicamenteuses et leurs effets. 

4. Coordination avec les autres professionnels de santé

La coordination entre les différents professionnels de santé est primordiale pour éviter les erreurs de prescription ou les doublons. Les infirmiers libéraux, acteurs pivot dans la coordination, sont les professionnels clé pour alerter sur des erreurs liées à la prescription. Les outils de communication sécurisée, comme les plateformes numériques partagées, peuvent faciliter cet échange d’informations.

5. Vigilance lors des changements de traitement

Les transitions de soins, comme la sortie de l’hôpital, sont des moments à risque pour la survenue d’effets iatrogènes. Lors de la modification de traitement, il est important de vérifier la compréhension du patient sur ces changements afin de garantir une meilleure observance. Un suivi rapproché durant cette période permet de détecter rapidement les éventuels problèmes.

6. Utilisation de piluliers et autres dispositifs d’aide

L’utilisation de piluliers ou de dispositifs d’aide à la prise des médicaments peut réduire les risques d’erreurs. Ces outils permettent de préparer à l’avance les prises de médicaments et d’éviter les confusions chez les patients en autonomie relative. Les infirmiers sont à même de proposer des solutions adaptées aux patients en fonction de leur situation.

La prévention de la iatrogénie médicamenteuse chez les patients à domicile est un enjeu capital pour les infirmiers libéraux. Une bonne gestion des traitements, une communication efficace avec les autres professionnels de santé et l’utilisation de l’éducation thérapeutique adaptée sont des éléments clés pour réduire les risques.
La contribution des infirmiers peut significativement réduire les risques de la iatrogénie médicamenteuse et répondre aux besoins spécifiques de chaque patient. Leur action tend à améliorer la qualité de vie des patients et à consolider leur autonomie.
Vous retrouverez la formation que nous consacrons à ce sujet ici sur notre site.

 

Source :
(¹) Rapport « Erreurs associées aux produits de santé (médicaments, dispositifs médicaux, produits sanguins labiles) déclarées dans la base de retour d’expérience nationale des évènements indésirables graves associés aux soins (EIGS) » – Mesurer & Améliorer la qualité – H.A.S. – 19 novembre 2020

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