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Retour à la listeNouvelles Règles de Prescription des Opioïdes
Rôle des infirmiers pour Renforcer la Sécurité des Patients
L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a récemment annoncé des mesures visant à modifier les conditions de prescription et de délivrance des médicaments contenant du tramadol, de la codéine et de la dihydrocodéine.
Obligation de l’ordonnance sécurisée à partir de décembre 2024
L’ordonnance sécurisée devient obligatoire pour la prescription de tramadol, de codéine et de dihydrocodéine, à partir de décembre 2024.
Mesures pour renforcer la sécurité des patients
Ces changements, sont destinés à renforcer la sécurité du médicament, en réponse aux risques liés à la dépendance et au mésusage. Cette décision s’inscrit dans une volonté plus large de régulation des opioïdes en France, avec l’objectif d’endiguer les cas croissants d’abus et de surdosages.
Une réponse aux risques de dépendance et de mésusage des opioïdes
Ces médicaments, largement prescrits pour traiter les douleurs modérées à sévères, sont aussi couramment utilisés chez des patients souffrant de douleurs chroniques, souvent dans un contexte de polymédication. Le tramadol et la codéine, bien que très efficaces, présentent un risque important de dépendance, d’où la nécessité de réévaluer régulièrement les prescriptions et de mettre en place des systèmes de surveillance appropriés.
Le rôle de l’infirmier dans la gestion des patients polymédiqués
La polymédication et les risques associés
La polymédication est une réalité de plus en plus fréquente, en particulier chez les patients fragiles, souvent âgés et souffrant de plusieurs pathologies. Ces patients se voient régulièrement prescrire plusieurs médicaments simultanément, augmentant ainsi le risque d’interactions médicamenteuses et d’effets secondaires. C’est dans ce contexte que l’infirmier joue un rôle crucial, particulièrement dans le cadre d’un BSI (Bilan de Soins Infirmiers).
Importance du Bilan de Soins Infirmiers (BSI)
Le Bilan de Soins Infirmiers permet notamment parmi d’autres surveillances, d’évaluer l’état de santé des patients polymédiqués et de surveiller l’efficacité et les effets des traitements prescrits. En réalisant cette évaluation, l’infirmier peut préparer des piluliers personnalisés, en veillant au bon usage des médicaments.
Surveillance des opioïdes : tramadol et codéine
Cela implique non seulement de s’assurer que les traitements sont pris correctement, mais aussi de surveiller de près les effets secondaires ou effets attendus des différents médicaments. La gestion des médicaments opioïdes, tels que le tramadol et la codéine, en particulier chez les patients atteints de douleurs chroniques, fait partie des responsabilités de l’infirmier(e). Il est ainsi chargé d’identifier rapidement tout signe de dépendance ou d’effets indésirables, et de réagir en collaboration avec le médecin prescripteur.
La prise en charge des patients souffrant de douleurs chroniques requiert une attention particulière, notamment lorsque des opioïdes sont utilisés pour soulager la douleur. Le tramadol et la codéine sont souvent prescrits dans ces situations, mais ils peuvent entraîner une pharmacodépendance s’ils sont utilisés sur une longue période ou à des doses inappropriées. Le rôle de l’infirmier est donc de surveiller ces patients de manière proactive, en évaluant régulièrement la nécessité de poursuivre ou de modifier le traitement.
L’accompagnement à la prise médicamenteuse : un nouvel acte de la NGAP
Trois séances pour ajuster les traitements (AMI 5.1 et AMI 4.6)
Une autre évolution importante concernant la médication concerne un nouvel acte à la NGAP : l’accompagnement à la prise médicamenteuse, (trois séances facturables à réaliser dans le mois qui suit la prescription médicale : AMI 5.1 puis AMI 4.6 et AMI 4.6) qui a été introduit pour aider à encadrer et à surveiller l’introduction ou la modification des traitements, en particulier chez les patients polymédiqués, présentant des critères de fragilités, mais non dépendant.
Un nouvel acte pour mieux encadrer la médication des patients fragiles
Cette surveillance est essentielle pour prévenir les interactions médicamenteuses et garantir la sécurité des traitements. En effet, ces patients, peuvent voir leur état de santé se dégrader ou entrer dans la dépendance, si les médicaments ne sont pas administrés ou surveillés correctement. L’accompagnement à la prise médicamenteuse permet à l’infirmier de s’assurer que les traitements sont adaptés à l’évolution de l’état de santé du patient et d’ajuster la prise des médicaments en conséquence.
Limitation de la durée de prescription des opioïdes à 3 mois
En plus de la prescription sur une ordonnance sécurisée, la durée maximale de prescription pour ces médicaments sera limitée à 3 mois.
Au-delà de ce délai, une nouvelle ordonnance sera nécessaire pour continuer le traitement. Il faudra bien entendu repasser à l’officine de ville pour se faire délivrer les médicaments.
L’obligation d’utiliser une ordonnance sécurisée pour la délivrance de ces médicaments s’inscrit dans une démarche plus large visant à prévenir les risques de pharmacodépendance et de surdosage. Ces mesures de précaution s’ajoutent aux efforts déployés pour sensibiliser les professionnels de santé et les patients aux dangers liés à l’utilisation des opioïdes. L’ordonnance sécurisée permet de renforcer le contrôle sur la délivrance de ces substances, en s’assurant que leur prescription est bien justifiée et encadrée, et en limitant les possibilités de falsification.
Le rôle crucial de l’infirmier dans la prévention des risques de pharmacodépendance
Surveillance infirmière et collaboration avec les médecins
Le rôle de l’infirmier dans cette démarche est crucial, en particulier dans le cadre de la surveillance infirmière. En collaboration avec les médecins et les pharmaciens, l’infirmier est en première ligne pour garantir une utilisation optimale et sécuritaire des médicaments.
Le rôle de l’addictovigilance dans la régulation des opioïdes
Par ailleurs, l’addictovigilance est un dispositif de surveillance des cas d’abus et de dépendance liés à la consommation de substances psychoactives, qu’elles soient médicamenteuses ou non, à l’exception de l’alcool éthylique et du tabac. Ce système repose sur un réseau national de centres dédiés à la collecte et à l’analyse de ces cas.
L’objectif de ce dispositif est de permettre aux autorités de santé de prendre des mesures appropriées pour protéger la santé publique. Il assure également une diffusion d’informations aux autorités sanitaires, aux professionnels de santé, ainsi qu’au grand public.
Les missions de l’addictovigilance incluent principalement :
- Évaluer le potentiel d’abus et de dépendance d’un produit, ainsi que ses risques pour la santé publique, en s’appuyant sur des systèmes de recueil spécifiques.
- Surveiller et encadrer l’utilisation des médicaments psychoactifs, afin d’assurer leur usage sécurisé.
- Classer les substances psychoactives sur la liste des stupéfiants ou des psychotropes, selon leur dangerosité.
- Diffuser des alertes lorsqu’un risque est identifié, afin de prévenir les abus et protéger les populations.
La déclaration des cas graves d’abus et de pharmacodépendance liés à l’utilisation de substances, plantes à effet psychoactif, ou tout autre médicament ou produit, est obligatoire sur le site signalement-sante.gouv.fr.
L’infirmier, en surveillant les effets secondaires potentiels des médicaments opioïdes et en s’assurant du respect des prescriptions, contribue à réduire les risques de mésusage et à protéger les patients contre les complications liées à la dépendance ou aux interactions médicamenteuses. Cette surveillance est d’autant plus importante chez les patients polymédiqués, dont l’état de santé fragile peut être exacerbé par des effets indésirables ou des interactions entre médicaments.
Enfin, les mesures prises par l’ANSM, en lien avec les bonnes pratiques de prescription et de délivrance des médicaments opioïdes, visent à mieux informer les professionnels de santé et les patients sur les risques associés à ces substances. L’accent est mis sur l’importance de réduire la durée des prescriptions pour les douleurs aiguës, et sur la nécessité de réévaluer régulièrement les traitements chez les patients souffrant de douleurs chroniques. Le respect de ces consignes, associé à la surveillance étroite des infirmiers, contribue à une prise en charge plus sécurisée des patients, tout en réduisant les risques liés à l’utilisation des opioïdes.
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