Du 12 au 19 Novembre 2024 aura lieu la 5ème Semaine Nationale de la dénutrition partout en France.
Mais la dénutrition c’est quoi, et quel rapport avec votre métier d’infirmier ?
La dénutrition : de quoi s’agit-il ?
La dénutrition est une maladie qui survient lorsque l’apport alimentaire est insuffisant pour couvrir les besoins de l’organisme. Elle peut se développer sans symptômes immédiats, et conduire à une perte de poids, de masse musculaire et de vitalité. Cette condition peut toucher toute la population, des enfants aux adultes en passant par les personnes âgées, mais elle est particulièrement fréquente chez les personnes hospitalisées, celles en perte d’autonomie, ou celles atteintes de maladies chroniques, de cancer, de pathologies graves aiguës ou de Covid Long.
Il est important de noter que même les personnes en surpoids ou obèses peuvent être dénutries si elles subissent une perte significative de masse musculaire.
Comment repérer la dénutrition ?
Chez l’adulte :
- Une perte de poids de 5 % en 1 mois ou de 10 % en 6 mois peut indiquer une dénutrition.
- Un IMC (indice de masse corporelle) inférieur à 18,5 chez les adultes, ou inférieur à 21 chez les personnes de 70 ans et plus, signale un risque élevé de dénutrition.
Chez l’enfant :
- Une stagnation ou une cassure des courbes de croissance (poids ou taille) peut également être un indicateur.
Quelques chiffres clés en France sur la dénutrition :
- Environ 2 millions de personnes sont concernées par la dénutrition, dont 400 000 personnes âgées vivant à domicile et 270 000 résidents en EHPAD.
- Cette condition touche :
- 10 % des personnes âgées de 70 ans et plus vivant chez elles,
- 10 % des enfants hospitalisés,
- 30 % des personnes hospitalisées,
- 40 % des personnes atteintes de cancer.
Quel est le lien être infirmier et dénutrition ?
Les infirmiers, qu’ils exercent en libéral ou au sein d’un établissement, jouent un rôle essentiel dans la prévention, le dépistage et la prise en charge de la dénutrition. Voici les principales contributions qu’ils peuvent apporter :
- Dépistage et surveillance réguliers : En tant que professionnels de proximité, les infirmiers sont souvent les premiers à remarquer des signes précoces de dénutrition, comme une perte de poids, une réduction de l’appétit ou une faiblesse musculaire. Ils surveillent également les indicateurs de poids, d’IMC et, pour les enfants, les courbes de croissance.
- Accompagnement et suivi nutritionnel : Les infirmiers peuvent conseiller les patients sur des habitudes alimentaires adaptées et collaborer avec des diététiciens pour élaborer des plans nutritionnels, surtout pour les patients en situation de perte d’autonomie ou de maladie chronique.
- Éducation et sensibilisation des patients et des familles : Ils expliquent aux patients et à leurs familles les risques de la dénutrition, notamment pour ceux atteints de pathologies spécifiques (cancer, Covid Long, maladies chroniques) et les personnes âgées. Cette sensibilisation est cruciale pour prévenir la dénutrition et encourager un apport alimentaire suffisant.
- Coordination avec d’autres professionnels : En collaborant avec les médecins, diététiciens, kinésithérapeutes, et autres professionnels de santé, les infirmiers assurent une prise en charge globale, particulièrement importante pour les patients polymédiqués ou atteints de multiples pathologies.
Pour les infirmiers libéraux, ces compétences permettent de jouer un rôle préventif et éducatif auprès des patients à domicile. Les infirmiers salariés en établissements ou libéraux sont souvent en première ligne pour identifier les personnes âgées à risque de dénutrition, en particulier dans les EHPAD ou services de gériatrie, où la dénutrition est très fréquente ou les personnes âgées à domicile.
Prévenir la dénutrition : conseils pratiques
Adopter une alimentation équilibrée et surveiller son poids
Pour bien se nourrir au quotidien, il est conseillé de faire trois repas par jour et, si souhaité, d’ajouter un goûter. Vous pouvez intégrer des aliments énergétiques (fromages, charcuteries, gâteaux) selon les goûts et appétits. Il est conseillé d’inclure des sources de protéines tous les jours (viandes, poissons, produits laitiers, légumineuses). Pour agrémenter les plats, il peut être intéressant d’utiliser des épices, herbes aromatiques et condiments. On peut également varier les textures et couleurs dans les assiettes pour diversifier le plaisir visuel et gustatif.
Il est nécessaire de se peser régulièrement : toute perte de plus de 3 kg mérite une discussion avec son médecin.
Bouger et prendre soin de sa bouche
Pour maintenir forme et appétit, quoi de mieux que de pratiquer une activité régulière comme la marche, le jardinage, de monter et descendre des escaliers, ou promener un animal de compagnie.
Il est important d’adopter une hygiène bucco-dentaire rigoureuse. En effet, elle contribue au plaisir de bien manger.
Enrichir son alimentation si nécessaire
Si l’alimentation seule ne suffit pas, il est possible d’enrichir les plats habituels avec des ingrédients comme du fromage râpé, des œufs, ou des matières grasses (crème, beurre, huile). Un diététicien réaliser un accompagnement dans l’adaptation des repas. Dans certains cas, le médecin peut prescrire des compléments nutritionnels, riches en énergie et protéines, à consommer en plus des repas.
Six idées reçues sur la dénutrition
- La dénutrition ne touche que les personnes âgées
Perdre du poids involontairement est anormal à tout âge. Bien que fréquente chez les seniors, où elle peut aggraver les risques de chute, de dépendance et d’hospitalisation, la dénutrition affecte aussi les adultes atteints de maladies graves et concerne 10 % des enfants hospitalisés. - La dénutrition exclut toute activité physique
Une activité physique adaptée, combinée à une alimentation équilibrée, peut limiter la perte musculaire, favoriser le rétablissement et raccourcir la durée de convalescence. - Les personnes en surpoids ne peuvent pas être dénutries
La dénutrition peut également survenir chez des personnes en surpoids ou obèses, notamment si elles perdent du poids de manière significative, ce qui peut être un signe de cette condition. - Les seniors doivent réduire leur consommation de viande
Les personnes âgées ont des besoins accrus en protéines pour préserver leur masse musculaire et leur vitalité. Il est recommandé qu’elles consomment des protéines animales, comme viande, œufs ou poisson, deux fois par jour. - La dénutrition est la même chose que la malnutrition
La malnutrition peut résulter d’une alimentation trop riche mais déséquilibrée. La dénutrition, quant à elle, est un déficit alimentaire (en protéines, graisses, vitamines, etc.) entraînant une perte de poids. - Limiter le sel, le sucre et les graisses est toujours nécessaire
En cas de perte d’appétit ou de poids, une personne fragilisée peut diversifier son alimentation pour prévenir la dénutrition. Parlez-en à un professionnel de santé.
La dénutrition est une condition sérieuse qui touche des personnes de tous âges, bien qu’elle soit plus fréquente chez les personnes âgées et les personnes hospitalisées. Elle se caractérise par une alimentation insuffisante par rapport aux besoins, entraînant une perte de poids, de muscles et de force. Contrairement aux idées reçues, la dénutrition peut aussi affecter des personnes en surpoids ou obèses et n’exclut pas la possibilité d’une activité physique modérée pour prévenir la perte musculaire.
Chez les personnes âgées, un apport accru en protéines est essentiel pour maintenir leur santé, tandis qu’une alimentation diversifiée et énergique est recommandée en cas de perte de poids involontaire.
La dénutrition est distincte de la malnutrition, qui peut être liée à un excès d’aliments peu nutritifs.
Enfin, des conseils médicaux et diététiques adaptés peuvent aider à enrichir l’alimentation et, si nécessaire, un médecin peut prescrire des compléments nutritionnels pour combler les besoins.
Si le sujet vous intéresse, vous pourrez retrouver plus d’informations, des webinaires, des documents à télécharger sur les sites suivants :
www.semainedeladenutrition.fr
www.luttecontreladenutrition.fr
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