Octobre Rose :

Octobre Rose : une campagne nationale au service de la santé des femmes

Initiée en 1994 par l’association Le Cancer du Sein, Parlons-en ! ( groupe Estée Lauder),  la campagne Octobre Rose est née d’une volonté partagée entre les institutions de santé et la société civile : faire évoluer les mentalités et encourager les femmes à participer activement à leur santé.

 Inspirée d’un mouvement international apparu aux États-Unis dans les années 1990, cette initiative s’appuie sur un symbole fort — le ruban rose — qui est devenu au fil du temps l’emblème universel de la lutte contre le cancer du sein.

Depuis 1985, le « Mois de la sensibilisation au cancer du sein » (Breast Cancer Awareness Month)

La campagne est originaire des États-Unis où elle a lieu pour la première fois en 1985, soutenue par l’American Cancer Society et l’entreprise Imperial Chemical Industries[9]. La première campagne a lieu en France en 1994, à l’initiative du groupe Estée Lauder (qui a créé l’association Le Cancer du sein, parlons-en !) et du magazine Marie Claire.

Chaque année, au mois d’octobre, les associations, les établissements de santé, les collectivités et les professionnels de terrain unissent leurs efforts pour informer le grand public sur l’importance du dépistage précoce et sur les moyens de prévention.

Des événements symboliques, sportifs ou culturels sont organisés pour récolter des fonds destinés à la recherche et au soutien des patientes.

Mais au-delà de la dimension médiatique, Octobre Rose est avant tout un temps d’éducation à la santé. C’est une occasion de rappeler que le cancer du sein n’est pas une fatalité : diagnostiqué tôt, il peut être guéri dans près de neuf cas sur dix.

Le cancer du sein : chiffres clés et enjeux de santé publique

Le cancer du sein demeure aujourd’hui le cancer le plus fréquent chez la femme et la première cause de mortalité féminine par cancer. En France, plus de 61 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année, et environ 12 000 femmes en décèdent. Pourtant, ces chiffres auraient pu être bien plus alarmants sans les progrès considérables réalisés dans le dépistage et la prise en charge.

Les études montrent que la détection précoce, rendue possible grâce à la mammographie de dépistage, permet d’identifier des lésions à un stade où les traitements sont moins lourds et les chances de guérison bien plus élevées.

Le programme national de dépistage organisé s’adresse à toutes les femmes âgées de 50 à 74 ans, invitées à réaliser une mammographie tous les deux ans, intégralement prise en charge par l’Assurance Maladie. Ce dispositif, coordonné par les Centres régionaux de coordination des dépistages des cancers (CRCDC), vise à harmoniser les pratiques, garantir la qualité des examens et faciliter l’accès au dépistage sur tout le territoire.

Cependant, malgré cette offre gratuite et encadrée, le taux de participation reste insuffisant : à peine 50 % des femmes concernées répondent à l’invitation. Les freins sont multiples : peur du diagnostic, manque d’information, méfiance envers l’examen, contraintes logistiques ou culturelles. C’est précisément sur ce terrain que l’action des infirmiers libéraux trouve toute sa pertinence.

Octobre rose permet de recueillir des fonds pour la recherche sur les causes du cancer du sein, sa prévention, son diagnostic, son traitement et sa guérison.

Octobre rose soutient aussi les personnes touchées par le cancer du sein et continue de les informer.

Grâce au dépistage organisé (mammographie gratuite tous les deux ans pour les femmes de 50 à 74 ans), près de 9 femmes sur 10 guérissent lorsqu’il est détecté à temps.

Le rôle pivot des infirmiers libéraux dans la prévention

Professionnels de proximité, les infirmiers libéraux exercent au cœur des territoires, souvent en première ligne du parcours de soins. Leur présence quotidienne auprès des patientes, dans un cadre de confiance et d’écoute, fait d’eux des acteurs privilégiés de la prévention.

Leur rôle dépasse largement la réalisation d’actes techniques : ils participent activement à la promotion de la santé et à l’éducation thérapeutique. Dans le cadre d’Octobre Rose, leur intervention peut prendre plusieurs formes :

• Informer les patientes sur l’importance du dépistage organisé et les modalités pratiques (âge, fréquence, gratuité, lieux de réalisation) 

• Accompagner les femmes réticentes ou inquiètes face à la mammographie, en les rassurant et en déconstruisant les idées reçues 

• Encourager l’autosurveillance : autopalpation mammaire, en expliquant les gestes simples d’observation et de palpation à réaliser régulièrement 

• Orienter vers le médecin traitant, le gynécologue ou les structures de dépistage en cas de doute ou de symptôme suspect 

• Soutenir les patientes atteintes de cancer, en assurant le suivi des soins à domicile, la surveillance des traitements et l’accompagnement psychologique.

Cette dimension éducative et relationnelle est au cœur des compétences infirmières, telles que définies par le Code de la santé publique et le référentiel de formation. Elle repose sur une posture bienveillante, une écoute active et une communication adaptée à chaque situation.

Prévenir, c’est transmettre : la pédagogie du soin

Dans une approche pédagogique, l’infirmier devient un médiateur de savoirs. Il ne se contente pas de délivrer des informations, il accompagne l’apprentissage du patient, favorise la compréhension et soutient l’autonomie. Informer ne suffit pas, il faut transmettre.

Pour aborder le thème du cancer du sein, il est essentiel d’adapter le discours au niveau de compréhension, aux valeurs et aux émotions de chaque femme. Certaines patientes préfèrent des explications cliniques précises, d’autres ont besoin d’un langage plus imagé ou d’un échange rassurant.

Quelques principes pédagogiques s’imposent :

• Créer un climat de confiance : aborder le sujet avec tact, dans un espace d’écoute sans jugement.
• Valoriser les compétences des patientes : les encourager à devenir actrices de leur santé.
• Utiliser des supports visuels : schémas, brochures, affiches octobre Rose, QR codes vers des ressources fiables.
• Favoriser l’interactivité : poser des questions, proposer des démonstrations (auto-examen mammaire), évaluer la compréhension.
• Renforcer les messages clés : rappeler les signes d’alerte (boule, écoulement, modification de la peau), les âges de dépistage et les structures disponibles localement.
• Cette démarche éducative contribue à ancrer durablement les comportements de prévention dans la population féminine. 

Après le dépistage : accompagner humainement

Lorsqu’un diagnostic de cancer est posé, l’infirmier libéral reste un repère essentiel dans le parcours de soins. À domicile, il assure la continuité du suivi après les traitements hospitaliers : pansements post-opératoires, gestion des effets secondaires, surveillance des ports à cathéter, évaluation de la douleur et soutien psychologique.

Mais son rôle ne se limite pas à la technique. Le lien de confiance établi avec la patiente permet un accompagnement global, qui prend en compte la dimension émotionnelle, sociale et familiale de la maladie. L’infirmier devient alors un acteur du “prendre soin”, au sens le plus noble du terme.

Dans cette relation d’aide, la parole, l’écoute et la présence prennent une dimension thérapeutique. La patiente, souvent fragilisée, trouve en l’infirmier un appui stable et rassurant, capable d’entendre ses doutes, ses peurs et ses besoins.

Les infirmiers formateurs ont ici un rôle déterminant pour transmettre ces compétences relationnelles et éthiques aux nouvelles générations : savoir accompagner sans juger, soutenir sans envahir, informer sans inquiéter.

Une mobilisation collective et citoyenne

Octobre Rose dépasse le cadre médical. C’est une mobilisation citoyenne et collective, où chacun peut agir à son niveau. Les municipalités illuminent leurs bâtiments en rose, les associations organisent des marches solidaires, les entreprises participent à des campagnes de dons, et les cabinets infirmiers se parent du fameux ruban rose.

Ces actions symboliques, relayées par les médias et les réseaux sociaux, contribuent à briser les tabous autour du cancer du sein et à renforcer la solidarité. Elles rappellent que la santé des femmes est l’affaire de tous, et que la prévention est une responsabilité partagée.

Pour les professionnels de santé, s’impliquer dans octobre Rose, c’est affirmer leur engagement dans une démarche de santé publique, mais aussi dans une culture du soin humain et solidaire.

Soigner, c’est aussi sensibiliser

Octobre Rose n’est pas qu’une campagne annuelle : c’est un rendez-vous de conscience et d’action. En tant qu’infirmiers libéraux, formateurs ou éducateurs en santé, chacun a un rôle à jouer pour faire progresser la prévention, renforcer la culture du dépistage et accompagner les femmes vers une santé éclairée.

Informer, écouter, soutenir, accompagner — autant de gestes qui, répétés chaque jour, contribuent à sauver des vies et à faire évoluer les mentalités.

S’engager dans octobre Rose, c’est défendre une vision du soin fondée sur la bienveillance, la pédagogie et la solidarité. C’est aussi rappeler qu’en santé, la connaissance est un pouvoir — et que transmettre, c’est déjà soigner.

Liste d’événements Octobre Rose en France

Retrouvez plus d’informations sur le rôle des infirmiers au niveau de la prévention et du dépistage du cancer du sein dans notre article dédié.

Retrouvez nos formations pour infirmiers sur le sujet du cancer : 

Retrouvez aussi nos publications suivantes : 

Cancer du sein : conseils d’infirmiers pour la chimiothérapie
Cancer : Le rôle clés des infirmiers 

A propos de l’auteur de cet article :
Brigitte Bax
IDEL
Formatrice Infirmier et aides-soignants
Ingénieure pédagogique